Pour toi
« Vous indiquerez vos noms, prénoms et adresse, si vos parents sont divorcés, si vous êtes redoublant, ce que vous voulez faire plus tard. »
Jost.
David.
Leipzig.
Mère seule.
Redoublant.
Rock star.
Elle rira bien, mais rira bien qui rira le dernier. (
Et en effet, j’allais beaucoup rire…)
Je déteste ce collège de merde. On n’a pas idée de rater son brevet. J’ai seize ans, une chaine hi-fi, une médaille de foot, et je ne suis pas foutu de passer au lycée. (
Bien sur que j’allais y passer. J’aurais même mon BAC du premier coup. Peut être soulé des études au final, la hâte de percer dans le show business ?)
La cloche à sonné depuis vingt minutes maintenant, et Maman n’est pas là. Ce qui veut dire que je dois rentrer à pied. Leipzig est une ville que je ne porterais jamais dans mon cœur, pour sur(
C’est sur qu’à ce moment je ne savais pas…). Ici les jeunes sont trop parfaits et les vieux aussi. Les passants me disent bonjour et ça, ça me hérisse le poil. Disons que je rumine souvent comme ça ; ce jour n’échappait pas à la règle.
Mais j’étais loin de me douter que, en croisant cette poussette double qui dévalait la pente de la place du marché, véritable bolide incontrôlable, ma vie allait changer à ce point. Bien sur, je n’ai fait que la saisir, grimaçant en entendant les hurlements des deux bambins mêlés a ceux de la mère coupable qui s’est mise a me noyer sous sa gratitude. J’ai vaguement hoché la tête en enfonçant mes mains dans mes poches, et puis, j’ai fait l’erreur de lancer un regard aux deux bébés. L’un gigotait et s’est retourné pour agripper l’autre, se mettant presque aussitôt a téter tout ce qu’il pouvait atteindre de lui, et l’autre me fixait. De grands yeux bleu-gris, qui n’allaient surement pas tarder à virer au marron noisette intense.
J’ai frémis, je les aie trouvés vaguement mignons, des gosses quoi. Et en rentrant chez moi, je pensais encore à eux. (
Voila David. Ton, destin était tracé, pauvre vieux…)
**
« A trois on court…. »
« Mais Bill, on est tout nu ?! »
« Roh, ta petite zigounette tout le monde s’en tape ! Allez, un, deux… »
Et l’enfant était déjà partit, son aîné couinant avant de le suivre comme un dératé. L’herbe crissait sous leurs pieds, encore humide de leurs jeux aquatiques ; ils pouvaient déraper ou glisser, s’égratigner les fesses mais ils se relèveraient, comme à chaque fois, pour traverser la petite rue qui les séparaient des bras protecteurs de leur mère, et surtout des bons peignoirs bien moelleux fraichement achetés rien que pour eux.
Le premier petit blond explosait de rire en évitant des passants outrés bien qu’habitués à force, tandis que son frère, paniqué, cachait désespérément son entre jambe en suivant pas pour pas le chemin que son frère traçait parmi les gens.
Et puis boum.
« Ouch, regarde où tu vas petit. »
Le prénommé Bill tituba quelques instants, avant de relever des yeux craintifs vers la grande silhouette contre laquelle il venait de se heurter. L’homme devait avoir à peine la vingtaine, le look et le regard de ceux qui passent leur vie accrochés à une guitare en fumant des joints, a chantonner des chansons d’amour de leur voix chaude et cassée.
Ca que tu aurais dû faire, David, à ce moment là, c’est l’ignorer, le contourner, et passer ta route.Bill déglutit, au même moment ou Tom se cogna contre lui de plein fouet, le projetant contre l’individu, avant de couiner de nouveau et de l’attraper par le bras pour le tirer jusqu’au portail de leur modeste demeure.
Ce que j’aurais dû faire putain, c’est surement pas de les suivre des yeux jusque chez eux, les regarder se faire enguirlander par une petite femme rousse et se mettre à rire comme des putois. Je n’aurais pas du me souvenir de cette femme et de cette poussette, de ces grands yeux bleu-gris qui ont, comme je m’y attendais, virés au noisette. M’enfin. De toute façon, pouvais-je échapper à ce qui était écrit pour moi depuis le début ? Va, David, oublies les pour la soirée, ne penses pas trop a ce que Demain te réserve…**
« Ouais, peut-être que Patrick devrait partir. Personne ne l’aime de toute façon, il ne joue pas si bien. »
« Tomi, comment tu peux dire ça ? Franchement, je ne sais pas, je m’en fiche un peu de la relation qu’on a entre nous, même si c’est vrai que je suis blessé par ce qu’il a pu dire de nous, j’essaye de penser au groupe d’abord tu comprends ? Si jamais on était promis à de grandes choses… »
« Bill, Georg est quelqu’un de confiance, il est génial, je l’ai rencontré au début de l’année mais le courant passe déjà super bien… Et c’est un très bon bassiste. Essaye au moins de le rencontrer ? »
« …Bien. »
**
« Devilish ? Pourquoi pas… »
**
Ce que David Jost était devenu, même lui ne l’avait pas soupçonné. De son groupe B&B, Bed & Breakfast, qui avait vite coulé au final, il avait atterrit au pas de la porte du directeur d’Universal, à trembler comme une feuille avec son C.V. et sa minable lettre de motivation. Le jeune homme avait troqué son pantalon en toile déchiré et sa casquette pour un élégant costard de rigueur.
Bien sur, ce qu’était devenu le directeur d’Universal Allemagne, personne ne l’aurait soupçonné non plus. Un vieil arrogant en jogging fumait une cigarette rose, les pieds sur l’élégant bureau en frêne, et surement sur des papiers plus ou moins importants, et l’attendait, un sourire édenté sur son visage flasque et ridé.
« Le jeune et charmant David ! » Il se leva, et David cru se sentir ratatiner tellement l’homme était immense. Son jogging bleu faisait ressortir de chères baskets jaunes fluo, et sa veste en cuir affublait le tout d’une manière assez ridicule. (
Plutôt cool en fait, le patron.)
Ce que se dit réellement Jost à ce moment fut plutôt « comment il sait mon prénom, comment il sait que je suis charmant ? » Ce a quoi répondit l’homme gras : « La petite secrétaire à l’air d’avoir une touche sur vous mon brave. » Une bourrade dans le dos, quelques blagues salaces et une discussion sur les goûts musicaux et la carrière musicale de David plus tard, celui-ci ressortait du bureau avec les yeux dans le vague et un vague sourire aux lèvres.
David Jost – Universal Manageur.
**
« Ah, Georg, juste comme ça… méga mortel… »
« Mec, t’es pire qu’une fille qui fait des choses, arrête ou les deux monstres vont croire des trucs »
« Mais bon dieu c’est juste trop bon, comment on peut avoir des arrières pensées pour juste un massage de la main… »
« Vraiment tu les connais mieux que moi et je sais déjà quel genre de pensées ils ont H24… »
« Au fait, alors, comment tu te sens avec eux ? »
« Tom est un gars cool, et Bill me fascine, j’ai un peu plus de mal à m’adresser à lui. D’ailleurs si t’étais pas là pour m’aider je sais pas ce que je ferais… »
« Arrête je vais rougir »
« Je suis sérieux. »
« Oh, hm, bien, de rien, merci a toi de nous avoir rejoins… »
**
« Salut. »
Rien qu’en observant sa nuque j’ai pu me souvenir de ses grands yeux noisettes. Et j’avais raison. Ce gamin là, quand il s’est retourné vers moi, et qu’il m’a fixé avec l’air de se préparer a me sauter dessus pour me mordre au cou comme un chiot fou, quand j’ai vu ses lèvres se pincer et ses sourcils se froncer, quand sa petite voix m’a juste renvoyé mon « salut », j’ai su, que c’était ce petit gamin, celui-là même que j’avais surement sauvé d’un camion ou d’une voiture ou d’un skateboard ou d’une vieille mémé ce jour la dans la poussette, et que j’ai heurté cette autre fois dans la ruelle.« Salut… si vous venez pour me proposer de la drogue j’ai juste pas l’âge. »
Il me fait rire. En même temps, est ce que j’ai l’air d’un dealer ?? En même temps, est ce que j’ai l’air d’un chasseur de talent…« Comment tu t’appelles ? »
Les yeux du garçon s’écarquillèrent, et Jost pu voir sa petite main chercher quelque chose derrière lui, jusqu'à ce qu’elle s’accroche a un sweet trop large.
« Est-ce que vous êtes un de ces gars qui veulent payer pour que je les… vous voyez ? »
Il fit un petit geste obscène avec sa main et sa bouche, et David ne put s’empêcher d’exploser de rire, attirant les regards réprobateurs de quelques adultes autours d’eux. (
Non, ne ris pas, putain, tu pourras juste pas rire quand ce renflement dans sa joue ce sera ta queue qui le provoquera, plus tard, bien plus tard, quand tu sera foutu, David, mon vieux…)
« Eh vous, approchez pas de mon jumeau ou je vous bousille les couilles, je sais y faire !! » grogna le petit sosie à dreadlocks. (
Méfis-toi de lui Jost, ce petit chenapan va te mettre plus d’un bâton dans les roues…)
David posa son regard sur lui et ne put s’empêcher de pouffer à nouveau. Ces deux là étaient décidemment de vrais phénomènes. (
« Parfait » que j’ai pensé ; Tu parles, un peu trop parfaits…)
« Bonjour, je m’appel Jost, David Jost, pour vous servir » sourit-il en leur tendant une franche poignée de main. « Je travail chez Universal en tant que manageur et chasseur de talent, et votre musique m’intéresse ». En réalité, la musique des Devilish n’était pas très bonne, même si la voix du jeune chanteur était exagérément remplie d’émotions et que les musiciens étaient clairement très doués pour leur âge. En fait David avait surtout repéré Bill. Le chanteur, le garçon au regard pénétrant, à la voix sensuelle, le garçon dont on ne pouvait détacher son regard – et il en était sure, le rare publique ici présent n’avait eu d’yeux que pour lui.
David se voyait déjà appliquer de grands changement au groupe, embellir le chanteur, renforcer son excentricité, faire de lui une véritable rock star, « Une star qui rocks » comme le disait son patron cool.
Qui allait vraiment changer l’autre ?**
Sa respiration s’accélérait au rythme de sa main, la chaleur grimpait de façon insupportable, et la sueur recouvrait son front en une fine pellicule brillante à la lueur du réverbère qui éclairait faiblement sa chambre. Il fit glisser sa main libre le long de sa cuisse, ses ongles longs, noirs, griffant sa peau translucide, se faisant gémir. Ces doigts là survolèrent l’intérieur de sa cuisse pour venir caresser ses testicules, doucement, puis un peu plus fermement, caressant de temps à autre la peau tendre de ses fesses. Ca faisait quelques temps qu’il se sentait tenté par cette zone, mais ça faisait vraiment trop
homo et Bill n’était pas gay.
Il haleta plus fort, sa tête tournant alors qu’il ne s’imaginait plus dans les bras d’une jolie petite brune mais d’un homme mûre et protecteur. Sans qu’il ne s’y soit préparé, il éjacula dans un cri rauque et mal étouffé, essuyant directement sa main dans un mouchoir déjà utilisé.
Il soupira, vide et mou, somnolant à moitié, mais malgré tout chamboulé et ébranlé par sa réaction. Une espèce de culpabilité s’enroula dans ses entrailles et il se sentit légèrement nauséeux, comme la première fois qu’il avait jouit devant un film pornographique.
Il s’allongea sur le côté et renifla, avant de s’enfoncer d’un sommeil sans rêve.
**
Des soirées. Des succès. Des cris. Des fans. Des concerts. Des pilules qui sourient. Des looks. Des bouteilles. Des filles. De l’argent. Des disputes. Des conseils. Des projets. Des déceptions. Des changements.
Tokio Hotel.
**
« Tu es tout seul ? »
« Oui, les autres étaient trop occupés à ronfler. »
« Même Gustav ? Ça m’étonnerait. »
« David, je vais pas aller faire les magasins avec Gustav ! Il est trop barbant quand il est pas content, et il est jamais content d’aller essayer des fringues. »
« Bien mais je ne veux pas que tu y ailles seul, c’est pas parce que tu viens d’avoir quinze ans et que tu fumes des joints avec ton frère en lousdé dans votre chambre d’hôtel que tu dois aussi aller te faire percer sans être accompagné. »
Le garçon ouvrit de grands yeux sur son manageur, ses entrailles ayant l’air de tomber à ses pieds.
« C-comment tu le sais ? »
David pouffa de rire en donnant une tape amicale dans le dos de son jeune chanteur. « Voyons Bill j’ai été jeune avant toi tu sais ? » Il se pencha sur lui et murmura à son oreille « Et tu es trop prévisible »
Le petit brun releva le visage vers son manageur et lui lança un regard perturbé, tandis que celui –ci riait plus fort (
pour cacher quoi, putain, déjà tu pouvais plus t’empêcher d’être sur son dos jour et nuit, pas vrai, mon vieux David…). « Allez, sois pas rancunier Bill, je t’ai pas interdit de le faire » il lui lança un clin d’œil, et le faciès de l’enfant s’éclaira en un sourire ravi.
Jost enroula un bras autour de ses épaules maigres – Bill le rattrapait déjà presque en taille, et David était un homme de taille moyenne – et l’entraîna hors de l’hôtel, hélant un des gardes du corps pour qu’ils les conduisent. Le grand gorille tripota son oreillette quelques instants, y marmonna quelque chose, et lorsqu’ils franchirent le pas de la porte, que personne n’entravait encore, David se sentait comme un père fière et complice. Son regard pour Bill était doux et sévère quand il le fallait, ses paroles réconfortantes et sûres. (
Oh, si j’avais su, à ce moment là, si j’avais su où je finirais, si j’avais su, je n’aurais jamais voulu apprendre qu’il me considérait comme leur troisième père. Je n’en aurait jamais été fière, n’est ce pas, je ne me serais pas sentit si exagérément heureux, un peu trop heureux, attaché à eux, un peu trop attaché, à lui…)
Une fois installés à l’arrière de la voiture, Bill gigotait, et se raclait la gorge, comme s’il était sur le point de demander quelque chose. Côté passager, David se retourna pour l’observer, haussant un sourcil perplexe. « Oui ? »
Bill ricana nerveusement et sortit d’une voix plutôt rauque « J’ai besoin de fumer ».
David grimaça mais dégaina son paquet de Marlboro light pour le tendre à Bill.
Bill rosit et lui arracha le paquet des mains sans le regarder « Ne dis pas à ma mère que je fume putain, elle ne survivrait pas ». Jost ricana à son tour et riposta « Ne dis pas à ta mère que je te laisse fumer, bordel elle me laisserait pas survivre. »
Ils explosèrent de rire, ignorant les ondes négatives dégagées par le garde du corps conducteur, qui lui ne fumait pas et se serait bien passé des volutes de fumées provoquées par l’enfant.
« Finalement j’attendrais Tom pour me faire tatouer » fut tout ce que Bill murmura durant le trajet.
Jost acquiesça, souriant ; ces jumeaux là étaient vraiment trop mignon l’un et l’autre, l’un avec l’autre, l’un envers l’autre. Mais au fond, pensa t-il en se retournant vers la route, s’enfonçant dans son siège, songeur, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une petite pointe de déception – de jalousie ? (
surement) – comme il pensait que Bill avait assez confiance pour le laisser l’accompagner chez le perceur sans avoir besoin de la présence si rassurante de son jumeau. « Tant pis. »
**
« Quand tu as quelqu’un, tu peux, faire passer tes envies sur cette personne. Tu vois, genre, quand t’as quelqu’un c’est facile, tu peux faire passer tes besoin de baiser sur elle. Tu lui dit, j’ai envie de toi, tu l’excite, et voila… »
« Mec, tu pouvais pas si bien dire ! » déclara Tom, laissant son regard traîner sur son frère. Les quatre adolescents fêtaient la clôture de leur première tournée européenne, ballotés par les cahots de la route, dans leur tourbus. Jost et les autres membres du staff qui les entouraient leur avait laissé la soirée pour se saouler en groupe, les avaient laisser rentrer en bus seuls, gage de confiance pour les récompenser d’avoir assuré. Bien sur ils avaient été obliger de leur servir l’habituel déconseillé, mais David avait réussi a leur fournir quelques bouteilles un peu plus tôt, lançant un clin d’œil complice a son chanteur. Mais Bill n’avait pas l’air de vouloir s’amuser ce soir. Tom remua et cogna la cuisse de Bill de son genou, attirant son attention. Il lui fit un grand sourire, plus pour lui demander de sourire que pour sourire lui-même. Bill esquissa une faible grimace, plus inquiétante qu’autre chose, et détourna son regard presque aussitôt.
Tom fronça les sourcils, reportant son attention sur Georg, prévoyant d’aller coincer son frère dans la couchette plus tard.
Bill, depuis quelques temps, changeait de façon assez extraordinaire. Tatouages, cheveux longs, maquillages de mieux en mieux dosés, ongles plus longs et mieux manucurés, manières et fringues plus étroites encore, Tom avait toujours respecté et adoré les choix de Bill, tout comme il savait que Bill soutenait les siens – même si Bill était moins fan de Tom que Tom de Bill. (
Bien, je suppose que n’importe qui sera toujours plus fan de Bill que Bill fan de n’importe qui…)Tom aimait donc beaucoup la voix que prenait son jumeau. Mais ce qu’il appréciait beaucoup moins c’était cette façon que Bill avait de repousser tout le monde, de s’enfermer avec lui-même, de broyer du noir et de ne plus rien dire à Tom. Non, définitivement, Tom n’aimait pas ce côté-là.
Georg avait l’air de plus en plus bourré, il était celui qui sifflait les bouteilles avant même que Tom n’ait pu lire le logo placardé dessus. Gustav ne le quittait pas des yeux, comme quelqu’un qui n’en revient pas d’avoir acheté un Picasso, et qui admire l’œuvre tous les jours au moins dix minutes. Depuis le début, Gustav n’avait fait que parler de Georg aux deux autres, alors qu’ils venaient de lier leurs amitiés. Gustav ne parlait que très rarement, pour dire des choses censées, des conneries très drôles, ou bien parler de Georg. Gustav avait été celui qui avait remarqué que Patrick ne jouait pas très bien, à côté de Georg, (mais de toute façon Tom ne supportait pas ce mecs et sa façon de vouloir le surpasser, comme si les bassistes étaient meilleurs que les guitaristes !) et donc Gustav avait été celui qui avait ramené Georg aux Kaulitz, au groupe, à la lumière trop cru d’un jour nouveau nommé Tokio Hotel. Tom fouillait ses souvenirs, il se souvenait de ce matin là ou Gustav, tout petit, s’était planqué dans le placard et avait fait hurler Georg en en sortant comme un diable. Tout le monde s’était foutu de lui, Bill n’y était pas allé de main morte, et Gustav avait fini par défendre Georg de façon plutôt virulente. Bill n’avait plus jamais rien dit à Georg. Ils étaient même devenus très bons potes (même siu Patrick restait un ami trop proche de Bill.) Gustav avait-
« Je vais me coucher. » annonça le chanteur.
Le silence retomba, lourd et mal à l’aise, mais Bill l’ignora simplement, baillant un vague bonne nuit morne, son verre à peine entamé.
Georg et Gustav se lancèrent un regard entendu, avant de fixer Tom avec insistance. Le dreadé fixait l’escalier que Bill venait d’emprunter, et soupirait, inquiet de n’être que si peu au courant de ce qui préoccupait autant son jumeau.
Il remarqua les regards pesants de ses deux amis et grogna « Ouais ouais, c’est bon, j’y vais… »
Il lâcha son verre avec quelques regrets, pas sûr de le retrouver pleins une fois redescendu, et dans un soupir de lassitude, glissa dans les escaliers qui les menaient aux couchettes. Il s’arrêta à l’entrée de la « chambre », son corps déséquilibré par le bus en mouvement. Il entendait les soupirs de son frère très clairement, peut être des sanglots, et son ventre se tordit, comme il se sentit soudain incapable de gérer Bill en larmes – il ne pouvait même pas supporter la simple image de Bill qui pleure.
Il brava l’allée plongée dans le noir entre les couchettes, et saisit le rideau de la couchette de Bill, tirant dessus, sur le point de demander à son frère ce qui n’allait pas. L’information qui grimpa lentement, très, trop lentement à son cerveau n’était pas du tout celle à laquelle il s’attendait. Pour lui, Bill aurait du être roulé en boule, les bras autour des genoux, le visage noyé de larmes, les joues pleines de khôl à cause de ses pleures. Bill n’aurait pas dû être nu, agenouillé, une main devant, une main derrière, la tête renversée en arrière et le dos trop cambré pour que tout ça ne soit réel, les joues pleines de khôl à cause de la sueur. Bill aurait du renifler et lui lancer un regard pathétique. Il n’aurait pas dû croiser son regard et jouir au même moment. Le dreadé laissa tomber son bras le long de son corps, les yeux englués au sperme gouttant sur le torse pâle de son frère.
« Tomi, je… »
Tom le coupa, levant une main, pour lui faire signe de se taire. Il ferma les yeux, soufflant un bon coup. « C’est bon, ça arrive, ça devait arriver un jour… » il ricana nerveusement – sûr que ça ne l’aurait pas dérangé plus que ça de surprendre Bill se branler, mais juste
se branler et non pas se
doigter…
Il remonta ses yeux le long du corps de l’androgyne ; Bill n’avait pas l’air dérangé plus que ça par le fait que son frère le voit nu, couvert de sueur et de sperme. Il ramena juste mollement son oreiller sur ses parties, et demanda, d’une voix légèrement éraillée « Qu’est ce qui t’amènes ? ».
Tom n’en croyait pas ses yeux, et il rougissait de plus en plus, Bill était tout simplement incroyable. « Bill, tu viens de jouir devant moi, deux doigts dans le cul, et tu me demandes ce qui m’amènes comme si de rien était ! »
Le brun renifla de dédain et grogna « Je sais tout ça, tu radotes, Tomi » il consentit à s’activer et à enfiler son bas de pyjama en flanelle, avant de se lever pour se diriger vers les toilettes au fond de la ‘chambre’. Tom se laissa tomber sur la couchette de Gustav qui faisait face à celle de Bill, et frotta son visage de ses paumes.
Bien sur que ça ne voulait rien dire. Bien sur que c’était une pratique comme une autre. Bien sur que ça ne changerait rien de toute façon… N’est ce pas ? Bill et Tom n’avait jamais parlé de ce que Bill pouvait ressentir sexuellement, parce que ça leur semblait évident, ça lui semblait évident, que Bill avait les mêmes envies, les même besoins que lui.
Tom sentit ses entrailles se tordre et finir par disparaître quand il fit un rapide bilan de ses propres expériences. Il pouvait les compter sur les doigts d’une main, et chacune s’était révélée n’être que très peu satisfaisant. Et Tom avait toujours mis ça sur le dos de la fille ou de son propre manque d’entrainement.
Il secoua la tête. Non, il n’était pas, il n’avait jamais eu envie de, enfin, peut être une fois par curiosité mais il ne l’avait pas fait, alors, il n’était pas…
« Tomi. » Bill le sortit du tourbillon infernal de ses pensées. « Je sais ce que tu penses mais- »
«Non, Bill, je ne pense rien, promis, je ne te jugerais pas pour ce que- »
« Tom, je le suis. »
Un lourd silence pesa sur les jumeaux, à peine perturbé par le bruit du moteur. Bill brisa ce silence quelques secondes plus tard, alors que la tension devenait insupportable. « Enfin, je pense que je suis… enfin, tu vois ? Bon dieu, ça fait tellement longtemps que ça me travaille, et, Tomi, oh, mon dieu, tu ne vas pas me trouver dégueulasse, hein ? » Il se rapprocha de son jumeau, la voix soudain emplit de panique. Tom ne bougea pas, relevant simplement le visage. Il se sentait comme aspiré de l’intérieur, et à la fois emplit par une pression qui menaçait de le faire exploser. Mais il devait gérer, pour Bill, pour eux.
« Je te trouverais jamais dégueulasse, arrête. » Pour appuyer ses dires, il l’attrapa par l’arrière des cuisses et le tira doucement à lui, l’enlaçant, posant sa joue contre le ventre froid de Bill. Il respira son odeur, et pu y déceler une légère trace de la fragrance intime de Bill. Il rosit à cette constatation, et le serra plus fort. « Ca ne change strictement rien, d’accord ? » Il redressa de nouveau son visage, posant son menton contre le ventre de son jumeau, les mains de celui-ci venant se poser contre ses joues. « Est-ce que c’est pour ça que tu es distant ces derniers temps ? Putain Bill tu ne dois jamais rien me cacher, tu sais ça… »
L’androgyne émit un petit son étouffé, se retenant surement de pleurer. De joie, de culpabilité. « J’avais si peur de te décevoir, juste, pour ça… » ses paroles se noyèrent dans les limbes de la nuit, et les jumeaux Kaulitz restèrent longuement lovés l’un contre l’autre, se chuchotant à l’oreille leurs promesses et leur amour eternel.
**
Là. On en arrive au jour ou tout a basculé. David, tiens toi prêt, putain, si j’avais pu éviter, si j’étais resté au lit ce jour là, coincé entre les cuisses de ma copine, tout, ma vie n’aurait pas prit un tel tournant.
Est-ce que je regrette, finalement ?« Je veux aller faire les magasins ! »
« Tout seul ? »
« Les autres dorment ou jouent à Guitar Héro, j’en sais rien, et, j’ai plus besoin de sortir a plusieurs pour aller m’acheter des soutiens gorge, merci maman » gronda Bill en relevant ses cheveux en une queue de cheval. C’était à l’époque ou il s’était fait des mèches blanches, c’était allé jusqu'à se faire crêper les cheveux jusqu’à ce qu’ils soient tous dressés, tels des satellites tout autour de sa tête. Aujourd’hui, il avait décidé de ne pas se maquiller, de ne pas se coiffer – événement notable et parfois inquiétant chez Bill Kaulitz. (
Bill avait toujours dit ça « je ne veux pas sortir sans être maquillé et coiffé, je ne me sentirais pas moi ». Effectivement, le Bill pèlerin que je peux encore rencontrer parfois, est celui qui cherche alors à trouver un peu d’incognito. Même le matin, quand je me réveille contre lui, Bill porte encore les traces du maquillage de la veille, et ses cheveux restent à leurs places, même si Bill bouge beaucoup la nuit.)
David leva les yeux au ciel, avant d’attraper Bill par le poignet « Je ne te demande pas d’y aller accompagné pour ta sécurité, mais ça m’ennui de te laisser tout seul. Putain quand est ce que tu vas arrêter de grandir ?? » David était ahurit par la vitesse folle à laquelle Bill grandissait, et le dépassait. Il explosa de rire, s’attirant la mauvaise humeur de son poulain.
« T’avais qu’a pas être aussi petit David ! »
Le manageur ricana, et balança, fier de lui « Tout ce qui est grand est assez con, en général, n’est ce pas ? »
Bill haussa un sourcil, son regard passant par plusieurs états d’âmes, tandis qu’il fixait David. Jost se sentait jaugé, et était sur le point de râler et de pester contre le manque d’humour du chanteur, au moment ou Bill se pencha sur lui, tout près de son visage, et ne réponde, d’une voix parfaitement stoïque « Et tout ce qui est assez petit est vraiment mignon, en général… »
Je crois que c’est là, oui, que Bill avait comprit que j’étais une cible potentiel pour satisfaire ses hormones. J’étais en permanence avec lui, je n’étais pas son frère, j’étais un homme, j’étais plus vieux, j’étais son troisième père… Seul hic, du moins, seul hic auquel n’importe qui aurait pensé, c’est que j’étais censé être hétéro. Mais il est apparut que Bill n’y avait même pas songé. Ce gamin, à son âge, il savait déjà qu’il pouvait avoir tout et n’importe qui, rien qu’en haussant un sourcil ou en se léchant les lèvres… un pauvre vieil hétéro compris. C’est depuis cette phrase, et aussi depuis que j’ai bafouillé n’importe quoi en rougissant, que Bill à commencé à devenir… ambigu.
Je l’ai accompagné, comme prévu, faire les magasins, comme cette fois là. Il n’a plus été ainsi de la journée, et tout avait l’air d’être revenu à la normal. Le soir venu, assis au restaurant avec les producteur et le staff, je ne pouvais m’empêcher de penser à lui, en touillant vaguement mon cocktail du bout de mon petit parasol violet. Violet comme le nouveau gilet que Bill s’était acheté cet après midi, et qui, sans mentir, lui allait à la perfection… Voilà le genre de pensées qui commençaient a fleurir dans mon esprit. Je me souviens encore des pensées que j’avais AVANT. AVANT, je m’inquiétais pour lui, je le couvais, je faisais en sorte que le moindre de ses caprices soit accomplit, je le ménageais, plus que quiconque – plus que ma propre petite copine, surement. J’ai toujours eu un faible pour Bill. Depuis que je l’ai heurté dans cette ruelle, que j’ai croisé ses yeux bleus gris, depuis qu’il m’a charmé sur cette scène il y a maintenant si longtemps. Je l’avais toujours considéré comme mon petit frère, puis mon fils, et maintenant… Les jours qui suivirent cette réplique, je prenais de plus en plus conscience du corps de Bill. Il finit par m’obséder, à tel point qu’on me rappelait souvent à l’ordre, comme je n’écoutais plus vraiment ce que l’on me disait dès qu’il était dans les parages. Ses courbes sèches m’apparaissaient comme les plus belles courbes que je n’avais pu admirer (à chaque fois que je pensais ça, je me frappais mentalement comme ça paraissait trop gros pour être vrai, et pourtant, je le pensais ), son regard sentait le cul, ses lèvres me donnaient de la fièvre, ses mains étaient gracieuses et sa grâce s’exprimait aussi lorsqu’il chantait, se mouvait. Voilà. AU bout de plusieurs mois c’est ce à quoi je ressemblais, a un gros dégueulasse romantique. Vraiment, merci, Bill Kaulitz.**
« Écoute Bill, tu as trop bu, j’ai bu aussi, juste, retire ta main de là… »
« Oses me repousser… »
Si sensuel.
Bill et ses longs cheveux de jais, lisses et brillants, les yeux sur maquillés, la bouche glossée, ce haut argenté trop près du corps, ce slim révélateur et ces bottes qui faisaient divaguer l’imagination.
« Bill… »
Ses lèvres qui glissent sur la peau de l’homme coincé par les envies que cette bouche lui donne.
« Jost, tu sais que t’es sacrément bien foutu pour un vieux ? » Le rire cristallin de l’androgyne vibra contre le cou du manageur, lui arrachant de violents frissons.
« Bordel, va te faire foutre, on a à peine dix ans de différences, oh… j’ai une femme Bill, pourquoi est ce que tu t’acharnes… »
La musique frappait les tympans des personnes présentes dans la boite, en entrainant certaines à danser, d’autres à boire, d’autres à draguer, d’autres à s’oublier.
De nouveau le rire de Bill résonna en David, a peine audible. « Tu avais David, tu te souviens, pourquoi tu l’as quittée ?... Moi je sais pourquoi… » David se tendit alors qu’une des longues mains de Bill venait se poser contre sa queue pour la presser a travers son jean. Bill savait, il savait tout et ce depuis le début. (
Depuis le début dans cette poussette il savait que tu les quitterais toutes pour lui, lui et sa foutue main sur ta bite) « Et, un peu plus de dix ans si je compte bien… « « Quand est ce que tu cesseras de te mentir à toi-même, David ? » Il attrapa une des mains de l’homme perturbé, la posant contre sa poitrine, et l’obligeant a glisser le long de son corps en une caresse qui le fit soupirer. Il ne le lâchait pas des yeux en guidant sa main, le regard plus provocateur que jamais.
David haletait, les yeux passant du regard de Bill a sa bouche, son cou, sa peau translucide à cet endroit, son corps parfaitement moulé et dessiné, et ce grain de beauté sous sa lèvre ; il en perdait la tête, ce garçon là n’aurait pas dû exister, n’aurait pas dû se mettre sur son chemin.
« Oh, putain, comment peux tu… » il dégagea sa main de l’emprise de Bill pour aller attraper les hanches du chanteur, et le soulever presque facilement, l’attirant sur ses genoux, lui arrachant un miaulement d’approbation. « Ça te plaît de me foutre dans cet état ? Putain je risque très gros à chaque fois que je touche un seul de tes cheveux… ». En disant ça, il passa ses doigts à travers la douce chevelure de l’androgyne, la main légèrement tremblante.
Le poids de Bill sur ses genoux était moindre, presque volatile, comme si Bill restait insaisissable et intouchable, un rêve inatteignable.
Bill soupira et lui lança un regard bien moins sûr de lui, presque vulnérable, et à cet instant David cru qu’il allait vomir tellement il se sentait monstrueux d’oser fantasmer sur cette beauté pure que représentait Bill. Le chanteur se pencha à son oreille, la voix beaucoup moins suave, agrippant son tee-shirt et lui murmurant : « Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit à cause de moi, je ne supporterais pas que l’on me sépare de toi, David… »
(
Foutu.)
Jost cru exploser de l’intérieur. L’intense bonheur qui courut le long de ses veines faillit lui arracher des larmes tellement c’en était insupportable. Il attrapa le visage angélique du brun, et colla son front au sien, répondant : « Allons chez moi, je te ramènerais chez toi demain… »
(
Ses mains se crispèrent sur mon pull, à l’instar de la nuit qui suivit, où ses mains se crispèrent dans mes cheveux alors qu’il jouissait contre moi, moi en lui. Je n’avais moi-même jamais jouit aussi fort, je n’avais jamais autant aimé faire l’amour, je n’avais jamais autant aimé la personne que j’aimais. Bill avait hululé mon prénom alors qu’il se libérait, plus beau que jamais, et rien que ça, cette image, m’avais totalement paralysée.
J’étais assommé, remplis de Bill, je voulais m’assoupir entre ses bras, j’avais déjà hâte de me réveiller contre lui le lendemain. Mais Bill en avait décidé autrement, et je fus obligé de me rendre à l’évidence : que je sois tombé amoureux de lui ne changeait en rien mes sentiments primaires à son attention. Je continuais a satisfaire le moindre de ses caprices, à veiller sur lui, et à pardonner ses erreurs, même les plus blessantes et les plus coûteuses.
Le lendemain, alors que je l’observais depuis bientôt un bon quart d’heure, Bill s’éveillait, la moue fatiguée et si adorable que je n’ai pas pu m’empêcher de l’embrasser encore et encore, et de l’aimer une nouvelle fois.
J’étais foutu. J’avais foutu mon ancienne vie à la poubelle, ma vie si parfaite, ma vie si tranquille et si ennuyeuse, pour l’échanger contre une vie pleine de passions et de dangers, une vie auprès de Bill Kaulitz.
Est-ce que je pouvais regretter, finalement ?Fin.
Demande de Youlia
- Spoiler:
Pairing : Bill/David
J’aimerai un OS évolutif où l’on voit bien l’évolution de la relation entre les 2 protagonistes. De la première rencontre où Bill n’est alors encore qu’un enfant et ou David ne peut pas s’empêcher d’être charmé par le jeune chanteur (David est charmé dans le sens où il le trouve adorable, pas attirant sexuellement, pas de pédophilie !!!), jusqu’à la période actuelle où Bill est devenu un homme parfaitement conscient de son charme et de son pouvoir sur les autres (surtout David), en passant par la période de l’adolescence, pleine de doutes, tant pour Bill au niveau de sa sexualité que pour David au niveau de son attirance pour le chanteur.
J’aimerai aussi qu’ils finissent ensemble (un lemon est toujours le bienvenu ^^).